MÉMOIRE DE LA FÉDÉRATION CANADIENNE
DES SERVICES DE GARDE À L’ENFANCE
Des services éducatifs et de garde à l’enfance
d’excellente qualité et abordables sont essentiels pour le développement de la
petite enfance, la future croissance économique et l’amélioration de l’équité
de la société. La contribution bénéfique de services éducatifs et de garde à
l’enfance (SÉGE) bien organisés et d’excellente qualité à l’apprentissage et au
développement des enfants est de plus en plus reconnue. Leur rôle de promotion
efficace de l’inclusion sociale, du rôle parental, ainsi que de l’emploi des
parents et de leur participation à l’apprentissage des adultes est également
reconnu (Conseil canadien sur l’apprentissage, 2008; Friendly et Lero, 2005;
OCDE, 2006).
Les travaux de recherche réalisés depuis 40 ans
en Amérique du Nord ont démontré la valeur des programmes de la petite enfance
d’excellente qualité pour tous les enfants et leur contribution particulière au
développement des enfants à risque. La recherche sur les facteurs qui
contribuent à la qualité des programmes de la petite enfance a progressé, ainsi
que celle sur les divers aspects de cette qualité, notamment grâce à la mise au
point de normes de qualité en Europe (Petite enfance, grands défis II,
2006) et aux outils d’évaluation de la qualité des programmes, tels que l’Échelle
d’évaluation de l’environnement préscolaire (Harms, Clifford et Cryer, 1998).
La Convention relative aux droits de l’enfant des
Nations Unies fournit aux gouvernements des motivations juridiques et morales
supplémentaires pour les inciter à permettre aux jeunes enfants de participer à
des programmes d’apprentissage de qualité qui stimulent leur développement. L’Énoncé
de principe national sur la qualité dans les services de garde et
d’apprentissage de la petite enfance de la Fédération canadienne des services
de garde à l’enfance (FCSGE) et les Normes professionnelles applicables aux
intervenantes œuvrant dans les milieux de garde d’enfants et la Norme
professionnelle des gestionnaires en service de garde à l’enfance élaborées par
la FCSGE et le Conseil sectoriel des ressources humaines des services de garde
à l’enfance reflètent également ces valeurs.
Et pourtant, le Canada occupe, ex aequo avec un seul
pays, l’Irlande, la dernière place de la comparaison internationale de 2008 de
l’UNICEF (Centre de recherche Innocenti – Bilan Innocenti 8, 2008) pour
l’apprentissage et la garde de la petite enfance, puisque ces deux pays ne
satisfont qu’à un seul point de référence. Pour les décideurs, les priorités
sont claires. Ils doivent avant tout se consacrer à générer de la croissance,
ce qui sera difficile pour le Canada si sa population relativement jeune et en
hausse ne dispose pas de programmes d’apprentissage et de garde à l’enfance de
qualité.
La réalité est qu’actuellement les parents de
70 pour cent des familles travaillent tous les deux – alors qu’ils
n’étaient que 30 pour cent dans ce cas dans les années 70. Le
Canada doit adopter les réformes structurelles indispensables pour accélérer la
croissance et augmenter la souplesse de son économie le plus possible. Il est
indispensable aux enfants et aux familles du Canada que leurs dirigeants
fédéraux se montrent responsables et prennent les mesures nécessaires afin que
le Canada ne soit plus classé au dernier rang des pays de l’OCDE dans le
domaine de l’apprentissage et de la garde de la petite enfance.
La Fédération canadienne des services de garde à
l’enfance propose l’adoption des priorités et des recommandations suivantes
pour le budget fédéral de 2012 afin d’assurer la prospérité et un avenir social
et économique viable pour les Canadiens.
1. Mettre sur pied un fonds national de subventions
d’investissement afin de rénover et de moderniser les programmes de garde à
l’enfance partout au pays.
Le manque de financement pour créer des places et
rénover celles qui existent dans les programmes d’apprentissage et de garde à
l’enfance constitue un des obstacles les plus importants pour les développer et
les améliorer. La mise sur pied d’un fonds fédéral de subventions de
l’apprentissage et de la garde à l’enfance permettrait de financer simplement
et très efficacement les organismes communautaires et les autres intervenants à
qui la capacité et l’aide financière font si cruellement défaut pour améliorer
la qualité des programmes et les installations utilisées chaque jour par les
enfants canadiens.
2. Établir un ministère responsable des enfants et
des adolescents.
La Fédération canadienne des services de garde à
l’enfance appuie la recommandation de nommer un ministre d’État responsable des
enfants et des adolescents, formulée en 2009 dans le rapport intitulé Éducation et garde
des jeunes enfants : prochaines étapes, présenté par
le comité sénatorial présidé par le sénateur Art Eggleton. La très grande
importance de l’apprentissage de la petite enfance devrait être reconnue dans
le discours du Trône, ainsi que celle de ses retombées pendant le reste de la
vie. Cette reconnaissance justifierait l’annonce de la création d’un cadre
coordonné des politiques publiques et d’un ministère chargé de définir les
priorités et les axes de travail pour promouvoir l’apprentissage de la petite
enfance de qualité, les programmes relatifs au rôle parental, les services de
garde de l’enfance et la recherche sur le développement humain.
3. Investir dans une stratégie et un cadre de
financement nationaux au service de l’accès universel aux soins de la petite
enfance et de l’adoption de normes minimales de qualité à l’échelle nationale.
Les pratiques exemplaires justifient également
l’accès universel à l’apprentissage de la petite enfance, puisque la qualité de
ce dernier est trop souvent déterminée par le revenu des parents. Certains
enfants du Canada bénéficient de services de garde et d’apprentissage de grande
qualité pendant leur petite enfance – ce qui n’est pas le cas de beaucoup
d’entre eux. Si nous voulons donner à tous les jeunes enfants le soutien dont
ils ont besoin, des réformes s’imposent dans le financement et la
réglementation des services de garde à l’enfance et dans les modalités
intégrées d’assistance des familles. Un cadre de ce type reconnaîtrait et
respecterait le rôle dirigeant du gouvernement fédéral, mais permettrait aux
gouvernements provinciaux de réglementer l’apprentissage de la petite enfance
et de décider son financement. Cette approche donnerait aux provinces la
souplesse nécessaire pour répondre aux priorités locales.
La FCSGE s’engage à collaborer avec le gouvernement
fédéral pour que l’apprentissage et la garde à la petite enfance de qualité
deviennent prioritaires au Canada. La FCSGE n’est pas un organisme de défense
des intérêts, mais elle peut apporter une contribution précieuse aux
initiatives d’amélioration de la qualité des services de garde à l’enfance du
Canada, grâce à la grande expertise collective de ses 10 000 membres
de partout au pays. Des idées ont été présentées dans le mémoire qui précède afin
que le gouvernement fédéral mette à l’étude plusieurs mesures qui lui
permettraient de réaffirmer et d’intensifier son engagement au profit de
services de garde de qualité qui constituent une composante fondamentale d’un
avenir prospère pour notre pays.